Yama
Alors que l’on résume souvent le Yoga à une pratique de postures « âsanas », d’exercices de respiration « prânâyâma » et de méditation; la pratique de Yoga est bien plus riche. La pratique des 8 membres du Yoga permettrait d’atteindre un apaisement du mental, un profond repos du système nerveux, une vie plus harmonieuse.
Le premier membre du Yoga selon l’enseignement de Patanjali
Les Yamas (« les lois de la vie »), ces concepts, pratiques apparaissent dès le livre 2 des Yoga Sutras de Patanjali, l’un des textes les plus étudiés en Yoga. Ce sont des lignes directives, des pratiques que j’aime me remémorer et utiliser pour avancer dans la vie. Remplis de sagesse, ce sont des outils précieux pour mettre en perspective ce que l’on peut vivre, ressentir; mais aussi des qualités à développer. Ces concepts peuvent être utiliser comme outil de développement personnel ou d’épanouissement collectif.
Il y a 5 Yamas :
Ahimsa, la non-violence
Reliée à l’amour propre, au respect de la vie et à l’empathie. C’est l’essence de la non-violence dans nos mots, nos pensées et nos actions. La pratique de cette non-violence amènerait à un cercle vertueux. Les vibrations positives, harmonieuses engendrent une énergie positive autour de soi. Cette pratique est d’ailleurs étudiée en Neurosciences, cette fameuse « pensée positive ». L’idée n’est pas de nier les pensées ou émotions négatives mais plutôt de les observer, les nommer et ne pas s’arrêter dessus, mais de focaliser ces pensées sur le positif.
Saviez-vous que les pensées positives ou neutres prennent une proportion de 70 à 80 % du total de nos pensées (contre donc 20 à 30 % de négatif) ? Et que cette proportion peut s’inverser si on se focalise seulement sur le négatif ?
Ahimsa, c’est l’engagement de ne pas nuire dans toutes nos relations. Celles avec les personnes qui nous entourent, notre environnement global mais aussi notre relation à nous-même. Prendre conscience du langage utilisé envers nous-même est un bon exercice en ce sens.
Satya, la vérité dans nos paroles, nos pensées et nos actions
Etre honnête envers soi-même et envers les autres tout en pratiquant Ahima, la non-violence comme 1er principe. Si ma vérité n’est pas celle d’une autre personne, est-elle bonne à dire ? Si elle cause du tort, provoque du négatif (rabaisse l’amour propre par exemple), alors il ne vaut mieux rien dire. Nous n’avons pas tous les mêmes vérités. C’est ce qui fait notre singularité.
Pour être conscient de la façon dont nous nous exprimons, rappelons nous que nous avons un point de vue, un avis, une vision sur le monde, basé notamment sur nos expériences. Toute vérité n’est pas bonne à dire. Mais certaines doivent être entendue, elles peuvent d’ailleurs être remplie de bienveillance. J’aime bien dire à un interlocuteur un peu trop insistant « C’est ton avis, acceptes que le mien soit différent ».
Je pense qu’il ne faut pas oublier que tout est en mouvement : la terre, nos pensés, nos vérités sous entendu nos pratiques peuvent être en accord avec nous-même à un certain moment mais évoluent sans cesse. Satya renvoie d’ailleurs à la vérité derrière toute chose, derrière toutes les histoires que l’on peut se raconter, les actes motivés par nos émotions. D’où l’exercice de prendre du recul. C’est un exercice très difficile dans une société comme là nôtre mais assez satisfaisant et intéressant quand on s’y teste.
Asteya, le non-vol, la non-convoitise
Asteya nous invite à prendre conscience des envies de possessions matérielles qui se confondent avec le fait d’être heureux. C’est un sujet vaste dans un monde de consommation comme le nôtre où notre esprit est sans cesse accaparé par des publicités, de l’influence souvent passive. Ce besoin de posséder, ce désir ultra présent d’objets ou de situations qui ne nous appartiennent pas.
Asteya fait également référence au transfert d’énergie. Une énergie négative qui déteindrait sur autrui ou sur la nature. Cette prise de conscience invite à la générosité. En cultivant le positif, sans renier le négatif, nous pouvons impacter positivement ce qui nous entoure. Questionnons nous sur la motivation de posséder tel objet par exemple ? Il y a pleins de méthodes pour cela (vous pouvez lire : la méthode BISOU).
Brahmacarya, la modération
Brahmacarya, c’est l’utilisation judicieuse de l’énergie. Elle nous invite à prendre conscience de la façon dont nous déployons notre énergie, pour la conserver. L’équilibre de notre force vitale prévient l’épuisement. On retrouve ce concept dans la pratique des âsanas dont le but n’est pas de s’épuiser mais au contraire d’être à l’écoute de son corps (notamment via la respiration), de trouver la stabilité dans les postures et le confort. Ainsi les énergies circulent librement et libèrent les tensions. Brahmacarya c’est la concentration de notre attention sur ce qui nous nourrit vraiment.
Ce concept fait également référence à l’énergie sexuelle comme une force à partager avec équilibre, un épanouissement harmonieux et réciproque physiquement et émotionnellement. Conserver l’énergie, c’est ne pas tomber dans le vice que peuvent entrainer certaines pratiques où notre attention sera fragmentée et dissipée.
Aparigraha, le non-attachement
Aparigraha, c’est l’abondance, au delà du matériel et de la possession, c’est la liberté au delà de la peur de la perte. Ce n’est pas ne rien posséder, ne s’attacher à personne mais plutôt se rappeler de l’impermanence de chaque chose, de son renouvellement, du cycle de la vie, de l’importance du moment présent.
Vivre dans le présent c’est ne pas se refuser une sortie sous prétexte que le retour sera difficile. Porter son attention sur le positif et l’émotion que cette sortie nous a apportée sera bien plus impactante, dans le bon sens.
Les Yamas sont définis comme « les principes qui soutiennent la nature même de la vie » par Alistair Shearer dans sa version traduite des Yoga-sûtras de Patanjali. Ils forment un code de conduite pour vivre en harmonie, avec son environnement.
Attention cependant à ne pas retourner ces principes contre soi-même. Il ne s’agit pas d’entraîner un jugement sur nous-même ou une pression pour atteindre une pratique parfaite. Ce serait en pratiquant la méditation notamment, et en prenant conscience de ces pratiques que l’on développerait ces qualités.